vendredi 29 mai 2009
C'est déja fini
Mao

Temple de Confucius
Son influence fut énorme sur la Chine impériale, et commence à le redevenir maintenant. Il créa les premiers examens impériaux ouverts à tous pour accéder aux postes de gouvernement, prôna la piété filiale qui est à la base de la civilisation chinoise, et eut une vision d'une Chine unie et harmonieuse dans un temps où chefs de guerre locaux ruinaient le peuple, vision qui inspira ensuite la construction de l'immense empire que l'on connaît maintenant.
Il est assez intéressant de constater que sa pensée est diamétralement opposée au totalitarisme, et proche du libéralisme, il prône que le gouvernement doit se limiter à son domaine de compétence, et ne pas imposer d'impôts ou de conscription trop lourde au peuple. Tant que les individus et les familles sont vertueux, alors le reste de la société suivra et le souverain aura la tâche facile. En lisant ses Entretiens, je compris d'ailleurs pourquoi les pancartes sur les pelouses sont écrites dans un tout autre esprit que nos instructions autoritaires, Confucius dit un jour que si l'on donne au peuple des lois et des régles strictes et infantilisantes, alors le peuple trichera et sera porté au vice, alors que si l'on encourage le peuple par des rites et des leçons de sagesse alors le peuple les suivra sans faillir et les améliorera sans cesse. Sa pensée s'inspire aussi du "livre des chants" qu'il contribuera à diffuser, regroupant des poésies et chansons datant pour certaines de 1000 ans avant JC, chansons d'amour où le mari doit partir au loin combattre pour un souverain belliqueux ou chants de labour où le paysan se plaint du tribut que le petit chef local lévera sur sa récolte.
Un aperçu de littérature contemporaine
La famille, que les personnages des romans veulent fonder et conserver à tout prix, car en Chine lorsqu'on est seul on est rien, ç'est flagrant dans les conversations que j'ai pu avoir au cours de mon périple. La famille aussi vue comme tyrannique par les attentes et contraintes pécuniéres qu'elle fait peser sur les héros, les nombreux parents à maintenir, les exploits révolutionnaires des ancêtres comme horizon indépassable et étalon inatteignable.
L'opposition villes-campagnes: la campagne regardant vers la ville comme un eldorado, mais aussi méprisant ces monsieurs aux grands airs qui reviennent au village pour se marier en grande pompe, compétition entre familles rurales pour lequel des fils envoyés à la ville s'enrichira le plus vite, snobisme des citadins.
La vie politique: activités du parti, articles écrits dans la gazette locale, efforts pour s'attirer les faveurs des politiques locaux, commémorations des hauts faits de la révolution, la politique semble infiltrer chaque recoin de la vie des personnages, qui en permanence doivent jouer avec ou contourner la bureaucratie pour gravir les échelons de la société. Ce doit être ça le totalitarisme, lorsqu'on ne peut pas faire un pas sans se heurter à quelconque représentant du peuple. Pour les romans écrits après la chine communiste, la psychologie des personnages est souvent déterminée par une catastrophe liée aux évenements historiques : père tabassé par les gardes rouges car ancien membre du Kuomintang, années de jeunesse gâchées ou heureuses (selon les héros) à retourner la terre dans le fin fond du Xinjiang.
Je n'ai pas rencontré de style fulgurant, mais ce doit être plutôt lié aux traducteurs, à ce que j'ai compris le Chinois étant une langue extrêmement concise qui doit être développée et amplifiée pour satisfaire nos goûts.
mercredi 27 mai 2009
Harbin
Wu Da Lian Chi
Ceux qui aiment prendre le train

En montant dans le train l'on comprend enfin, leur but est l'occupation stratégique du terrain. Les familles se regroupent autour des couchettes ou siéges (suivant la classe), occupant d'autres places que les leurs puis parlementant pendant une dizaine de minutes pour convaincre leurs propriétaires légitimes du bien-fondé de leur démarche. Plus le groupe est élargi, plus il comprend des personnes âgées ou des enfants en bas âge, et plus il a des chances de gagner. Ce n'est pas tout, les tables sont rares et précieuses, chacun de se précipiter et d'étaler des monceaux de nourriture, boissons et cigarettes, pour une raison étrange les chinois mangeant en permanence dans le train. Il semble d'ailleurs qu'une loi gouverne leur goûts qui maximise le ratio volume occupé / valeur nutritive tout en assurant un seuil elevé à la variable odeur de poisson fermenté. Ils trainent avec eux des sacs de nourriture qui prennent autant de place que leurs bagages utiles. L'espace acoustique n'est pas négligé, les plus rapides dégainent leurs téléphones portables ou IPods et font profiter tout le monde d'un bruit de fond de pop douceâtre. Puis il y a la ruée aux thermos, chaque wagon est équipé d'une grande bouilloire à laquelle viennent se servir les voyageurs armés de multiples réceptacles dont ceux fournis dans chaque compartiment (pour thé et pâtes lyophilisées). Comme souvent en Chine, le collectif peut souffrir de l'avidité individuelle, il peut arriver qu'il n'y ait plus d'eau dans la bouilloire et que les thermos se refroidissent, ne laissant au bout du voyage que de l'eau tiéde pour tout le monde, inutilisable.
Une fois que chacun a trouvé sa place, les festivités peuvent commencer. Les voisins se parlent immédiatement, de grands éclats de rire s'élévent, des parties de carte se lancent, certains chantent, les raclements de gorge si caractéristiques de la Chine se font entendre et les premiers crachats pleuvent. Viennent ensuite le va et vient des contrôleurs, en Chine l'on échange votre billet contre une petite carte en plastique et le billet vous est restitué avant votre gare d'arrivée, c'est bien pratique car si l'on s'assoupit l'on ne rate donc pas son arrêt. Le contrôleur dans certains trains nettoie aussi les toilettes, change les draps, vide les poubelles, remet du charbon pour faire chauffer la bouilloire, la Chine n'ayant visiblement pas encore découvert le syndicaliste SUD-Rail. Toutes les cinq minutes, des employés passent dans les wagons avec des chariots chargés de victuailles, et l'on se croirait sur une plage de la côte d'azur, "des glaces, j'ai des glaces, de la bière, elle est fraîche ma bière", d'autres vendent des gadgets et des magazines, ou se baladent avec des lecteurs de DVDs pour faire payer le visionnage d'un film, chacun bien sûr vient ajouter sa voix au concert général.
L'expérience est plutôt agréable et les chinois très curieux comme je l'avais déja dit. Il faut cependant éviter de se retrouver dans le même compartiment (des demi-compartiments d'ailleurs, n'ayant pas de porte) que des bébés ou très jeunes enfants. Non qu'ils pleurent ou crient, les enfants chinois étant incroyablement sages ou hilares, non, le problème c'est que les chinois n'utilisent pas les couches, ou alors seulement pour la grosse commission. A la place, les enfants portent des pantalons troués, et à intervalles réguliers leurs parents tranquillement assis à côté de vous les soulévent au-dessus du sol et les encouragent avec maints sifflements afin qu'ils se soulagent. Puis comme si de rien n'était ils essuient vaguement sous leurs pieds avec du papier journal qu'ils déposent ensuite dans la poubelle qui se trouve sous votre nez. Dans ces moments-là vous vous prenez à faire les yeux doux à votre voisin pour qu'il allume une cigarette et vous crache la fumée dans la figure et vous ne regardez plus jamais de travers les quelques indélicats qui crachent à vos pieds.
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