vendredi 29 mai 2009
C'est déja fini
Mao

Temple de Confucius
Son influence fut énorme sur la Chine impériale, et commence à le redevenir maintenant. Il créa les premiers examens impériaux ouverts à tous pour accéder aux postes de gouvernement, prôna la piété filiale qui est à la base de la civilisation chinoise, et eut une vision d'une Chine unie et harmonieuse dans un temps où chefs de guerre locaux ruinaient le peuple, vision qui inspira ensuite la construction de l'immense empire que l'on connaît maintenant.
Il est assez intéressant de constater que sa pensée est diamétralement opposée au totalitarisme, et proche du libéralisme, il prône que le gouvernement doit se limiter à son domaine de compétence, et ne pas imposer d'impôts ou de conscription trop lourde au peuple. Tant que les individus et les familles sont vertueux, alors le reste de la société suivra et le souverain aura la tâche facile. En lisant ses Entretiens, je compris d'ailleurs pourquoi les pancartes sur les pelouses sont écrites dans un tout autre esprit que nos instructions autoritaires, Confucius dit un jour que si l'on donne au peuple des lois et des régles strictes et infantilisantes, alors le peuple trichera et sera porté au vice, alors que si l'on encourage le peuple par des rites et des leçons de sagesse alors le peuple les suivra sans faillir et les améliorera sans cesse. Sa pensée s'inspire aussi du "livre des chants" qu'il contribuera à diffuser, regroupant des poésies et chansons datant pour certaines de 1000 ans avant JC, chansons d'amour où le mari doit partir au loin combattre pour un souverain belliqueux ou chants de labour où le paysan se plaint du tribut que le petit chef local lévera sur sa récolte.
Un aperçu de littérature contemporaine
La famille, que les personnages des romans veulent fonder et conserver à tout prix, car en Chine lorsqu'on est seul on est rien, ç'est flagrant dans les conversations que j'ai pu avoir au cours de mon périple. La famille aussi vue comme tyrannique par les attentes et contraintes pécuniéres qu'elle fait peser sur les héros, les nombreux parents à maintenir, les exploits révolutionnaires des ancêtres comme horizon indépassable et étalon inatteignable.
L'opposition villes-campagnes: la campagne regardant vers la ville comme un eldorado, mais aussi méprisant ces monsieurs aux grands airs qui reviennent au village pour se marier en grande pompe, compétition entre familles rurales pour lequel des fils envoyés à la ville s'enrichira le plus vite, snobisme des citadins.
La vie politique: activités du parti, articles écrits dans la gazette locale, efforts pour s'attirer les faveurs des politiques locaux, commémorations des hauts faits de la révolution, la politique semble infiltrer chaque recoin de la vie des personnages, qui en permanence doivent jouer avec ou contourner la bureaucratie pour gravir les échelons de la société. Ce doit être ça le totalitarisme, lorsqu'on ne peut pas faire un pas sans se heurter à quelconque représentant du peuple. Pour les romans écrits après la chine communiste, la psychologie des personnages est souvent déterminée par une catastrophe liée aux évenements historiques : père tabassé par les gardes rouges car ancien membre du Kuomintang, années de jeunesse gâchées ou heureuses (selon les héros) à retourner la terre dans le fin fond du Xinjiang.
Je n'ai pas rencontré de style fulgurant, mais ce doit être plutôt lié aux traducteurs, à ce que j'ai compris le Chinois étant une langue extrêmement concise qui doit être développée et amplifiée pour satisfaire nos goûts.
mercredi 27 mai 2009
Harbin
Wu Da Lian Chi
Ceux qui aiment prendre le train

En montant dans le train l'on comprend enfin, leur but est l'occupation stratégique du terrain. Les familles se regroupent autour des couchettes ou siéges (suivant la classe), occupant d'autres places que les leurs puis parlementant pendant une dizaine de minutes pour convaincre leurs propriétaires légitimes du bien-fondé de leur démarche. Plus le groupe est élargi, plus il comprend des personnes âgées ou des enfants en bas âge, et plus il a des chances de gagner. Ce n'est pas tout, les tables sont rares et précieuses, chacun de se précipiter et d'étaler des monceaux de nourriture, boissons et cigarettes, pour une raison étrange les chinois mangeant en permanence dans le train. Il semble d'ailleurs qu'une loi gouverne leur goûts qui maximise le ratio volume occupé / valeur nutritive tout en assurant un seuil elevé à la variable odeur de poisson fermenté. Ils trainent avec eux des sacs de nourriture qui prennent autant de place que leurs bagages utiles. L'espace acoustique n'est pas négligé, les plus rapides dégainent leurs téléphones portables ou IPods et font profiter tout le monde d'un bruit de fond de pop douceâtre. Puis il y a la ruée aux thermos, chaque wagon est équipé d'une grande bouilloire à laquelle viennent se servir les voyageurs armés de multiples réceptacles dont ceux fournis dans chaque compartiment (pour thé et pâtes lyophilisées). Comme souvent en Chine, le collectif peut souffrir de l'avidité individuelle, il peut arriver qu'il n'y ait plus d'eau dans la bouilloire et que les thermos se refroidissent, ne laissant au bout du voyage que de l'eau tiéde pour tout le monde, inutilisable.
Une fois que chacun a trouvé sa place, les festivités peuvent commencer. Les voisins se parlent immédiatement, de grands éclats de rire s'élévent, des parties de carte se lancent, certains chantent, les raclements de gorge si caractéristiques de la Chine se font entendre et les premiers crachats pleuvent. Viennent ensuite le va et vient des contrôleurs, en Chine l'on échange votre billet contre une petite carte en plastique et le billet vous est restitué avant votre gare d'arrivée, c'est bien pratique car si l'on s'assoupit l'on ne rate donc pas son arrêt. Le contrôleur dans certains trains nettoie aussi les toilettes, change les draps, vide les poubelles, remet du charbon pour faire chauffer la bouilloire, la Chine n'ayant visiblement pas encore découvert le syndicaliste SUD-Rail. Toutes les cinq minutes, des employés passent dans les wagons avec des chariots chargés de victuailles, et l'on se croirait sur une plage de la côte d'azur, "des glaces, j'ai des glaces, de la bière, elle est fraîche ma bière", d'autres vendent des gadgets et des magazines, ou se baladent avec des lecteurs de DVDs pour faire payer le visionnage d'un film, chacun bien sûr vient ajouter sa voix au concert général.
L'expérience est plutôt agréable et les chinois très curieux comme je l'avais déja dit. Il faut cependant éviter de se retrouver dans le même compartiment (des demi-compartiments d'ailleurs, n'ayant pas de porte) que des bébés ou très jeunes enfants. Non qu'ils pleurent ou crient, les enfants chinois étant incroyablement sages ou hilares, non, le problème c'est que les chinois n'utilisent pas les couches, ou alors seulement pour la grosse commission. A la place, les enfants portent des pantalons troués, et à intervalles réguliers leurs parents tranquillement assis à côté de vous les soulévent au-dessus du sol et les encouragent avec maints sifflements afin qu'ils se soulagent. Puis comme si de rien n'était ils essuient vaguement sous leurs pieds avec du papier journal qu'ils déposent ensuite dans la poubelle qui se trouve sous votre nez. Dans ces moments-là vous vous prenez à faire les yeux doux à votre voisin pour qu'il allume une cigarette et vous crache la fumée dans la figure et vous ne regardez plus jamais de travers les quelques indélicats qui crachent à vos pieds.
Heihe
L'Amour unit la Chine et la Russie, mais chacun se tient de part et d'autre du lit. L'Amour est tour à tour paisible et tumultueux, mais sur un coup de froid se fige, et se referme comme un piége sur ceux qui ont osé s'y abandonner. Les maquereaux eux n'en ont cure, l'Amour n'est pas leur domaine, ils ne boivent pas de cette eau-là. Paradoxalement, l'Amour gelé permet alors de faire des folies, comme parcourir des centaines de kilométres à pied. Le nomade Oroqen lui utilise un traineau. L'Amour est alors beaucoup plus facile pour la femme, assise sur le traineau et tirée par son homme pour qui l'Amour est source de douleur et nécessite beaucoup trop d'attention car l'Amour se brise s'il met le pied là où il ne faut pas. Parfois la femme préfére faire un bout de chemin avec d'autres hommes plus aptes et va se faire hâler ailleurs. Le mari traite alors sa femme de "trainée", origine méconnue du vocable usuel. L'Amour est pollué de nos jours par toutes sortes de substances et pratiques déviantes qui en gâchent l'agrément. Par exemple, des usines de postiches rejettent dans le lit de la rivière insolente des cheveux blonds et des cheveux gris, quel horreur ! C'est à cause de l'argent que l'Amour se meurt, et puisque l'Amour est partagé entre la Chine et la Russie, il n'a jamais jamais connu de loi. Mais qu'est-ce qui pourrait sauver l'Amour ? En attendant, les véritables amoureux de l'Amour préférent aller à sa source, où l'Amour est pur et furieux, il en est et il en sera ainsi de l'aube jusqu'à la fin des jours.
Désolé.
Mongolie Intérieure
O combien avais-je tort ! J'arrivai à Hohot, capitale de la région, et décidai d'aller plus loin à l'intérieur des terres, à Xilinhot, pour trouver quelque habitant local, comme je l'avais fait en Altaï, qui voudrait bien m'héberger et me guider pour quelques jours. A ma grande déception, tous ceux à qui je faisais part de mon projet me dirigeaient vers des agences qui me proposaient jeep + chauffeur + guide pour des prix faramineux, après une matinée de discussions je décidai de renoncer à mon projet et de revenir à Hohhot où la mort dans l'âme je passai par une agence qui proposait des voyages en groupe plus abordables. Ce fut dix fois pire que ce que je craignais. Visite d'un minable désert le premier jour, tickets non-compris dans le prix du séjour que je refusai d'acheter par principe, arrêts intempestifs dans des boutiques de babioles et autres verroteries pour lesquelles le chauffeur devait percevoir une commission, arrivée dans un camp pour touristes et ses mini-yourtes le soir situé à deux minutes de la barrière de péage, repas de riz tiéde et tofu tout ce qu'il y a de plus banal, réception par des "artistes" affublés de costumes grotesques et mongols comme moi je suis ouzbek, numéro de danse du niveau d'une kermesse d'école maternelle, puis pour courroner le tout chants mongols braillés au rythme d'un synthéthiseur Yamaha (instrument typique mongol) reglé sur la piste 67 House Disco Dance.
Le lendemain matin lorsqu'un type me proposa une demi-journée de cheval contre le salaire mensuel d'un ouvrier ç'en fut trop, je dis dans mon meilleur chinois "je me casse" et obtins d'être ramené sur le champ à Hohhot d'où, souhaitant m'éloigner autant que possible de cet endroit maudit, je pris le premier train venu pour Harbin, 27 heures de trajet en place assise...
Une fois dans le train je pus constater que la classe "Siége dur" portait très bien son nom et que d'autres adjectifs comme "serré, étouffant, infernal" pouvaient aussi bien faire l'affaire, je réussis donc à avoir une couchette pour le reste du voyage. Fort de ce succés je rempilai pour 11 heures de train jusqu'à Heihe, tout au nord de la Chine.
samedi 23 mai 2009
Turfan - Ruines de Jiaohe et Désert de Kumtag
A mon grand regret je n'eus pas le temps de voir le Takklamakan et encore moins Kashgar, voulant consacrer une semaine a la Mongolie interieure.
J'etais avec trois compagnons de voyage chinois bien sympathiques pour cette excursion, je pus d'ailleurs faire de nouveau l'expérience de leur perception des musulmans: au restaurant je glissai dans la conversation que j'évitais certains beignets (baozi) à la viande de porc après une mauvaise expérience il y a quelques semaines, et à la mention du mot "zhu" (porc), tous de me sauter dessus avec des cris d'horreur et me dire de ne jamais, jamais, jamais mentionner ce terme en présence de musulmans. Je leur expliquai qu'il fallait se détendre et qu'en France ca ne m'avait jamais posé de problème, mais ils ne me laissèrent pas le temps de finir tout en jetant des regards apeurés autour d'eux pour vérifier qu'un suivant de Mahomet ne s'apprête à les égorger. Je passai donc sur ce point, mais eus le malheur de proposer d'aller visiter une mosquée, sur quoi tous me dirent d'une voie tremblante qu'il fallait éviter les heures de prière car il ne faut jamais, jamais, jamais déranger les musulmans pendant la priere. Bref, le dialogue inter-religion et le dialogue entre religieux et laiques a quelques progrés à faire en Chine. Sérieusement cela pose de rééls problèmes et peut tendre à radicaliser les musulmans face à tant d'incompréhension.
dimanche 17 mai 2009
Living is our Dream - Publicitaires de tous les pays, unissez-vous !

A y réfléchir, il y a encore peu de temps les bonnes âmes se lamentaient sur la misère à laquelle l'Asie semblait condamnée, alors que maintenant, réchauffement climatique et réserves limitées de pétrole aidant, le monde entier est anxieux face au développement de la Chine, qui a sorti des millions de personnes de ce que nous nommons pauvreté mais qui du même coup nous fait se sentir à l'étroit sur la planète. Gageons que lorsque ce sera au tour de l'Afrique de se "developper", les mêmes inquiétudes se feront entendre. Appeller à la démocratie parlementaire et aux droits de l'homme en Chine ne changera rien à mon avis à sa politique extérieure, chaque pays cherche toujours à s'assurer les moyens physiques de sa croissance.
Lac Kanas
En route vers l'Altai
Le lendemain je repartis, avec un chauffeur kazakh qui allait nous accueillir dans les quelques cabanes en bois qu'il fit construire dans la montagne. La route est en terre, la jeep cahote allégrement, la radio vocifère des chansons kazakhs accompagnée de bon coeur par notre hôte qui chante, tape des mains, boît de larges lampées de bière, nous désigne du doigt son pays par-delà la rivière, et s'intéresse à son volant de temps à autre. Le soleil couché sur les montagnes du Kazakhstan, nous nous réunissons autour d'un repas typique de viande de cheval séchée et riz à la graisse de mouton, rejoints par deux autres kazakhs, un tatar et quelques bouteilles de baijio, alcool de riz, nous chantons encore et festoyons tard dans la nuit.
Urumqi
Les Uighurs paraissent plutôt plus fermés que les chinois, leur dire deux ou trois mots dans leur langue aide à les faire sourire un peu. Ils ont, sans rire, des têtes de turc. Certaines femmes semblent, elles, venir d'un peuple tout à fait différent, telles des descendantes d'Amazones un jour défaites et conquises par de meilleurs cavaliers, leurs yeux vous lancent des éclairs et certaines marmonnent sous leur voile quelque sortilége ancestral à votre passage. Les kazhaks sont plutôt apparentés aux mongols et les kirghizs ressemblent aux chinois si ce n'est (test que je découvris plus tard) qu'ils vous sautent au cou si vous leur parlez en Uighur, langue visiblement proche de la leur, comme le Kazakh ou l'Ouzbek.
dimanche 10 mai 2009
Jiayuguan
Tianshui - Maiji Shan
Laozi - Dao De Jing

"Le Dao produit le Un, le Un se change en Deux, le Deux donne naissance au Trois. Le Trois apporte la myriade des choses." Au moins, pas de quoi fonder un créationisme dogmatique...
L'enseignement le plus intéressant porte sur la dualité des choses, toute chose porte en elle son contraire, le faible peut vaincre le fort, le roseau face au chêne, etc...Je n'ai pas recontré beaucoup d'adeptes du Taoïsme, les rares me disent qu'ils le pratiquent pour atteindre une longue vie. Il y a beaucoup de pensées sur la frugalité et la necessité de renoncer à la technique, d'où le rapprochement que j'avais fait avec Du Fu. Mao, lui, y puisait son inspiration de stratége militaire, bien que le ton du livre soit plutôt pacifique, enfin cela n'étonne pas de la part de celui qui dit un jour: "Affronter le ciel, la terre, les gens, cela me procure un plaisir infini".
Luoyang - Grottes de Longmen
Luoyang - Temples Shaolin
jeudi 7 mai 2009
Nanjing ! Nanjing !

Nanjing - Mausolée de Sun Yat Sen
mardi 5 mai 2009
Suzhou - Jardins
lundi 4 mai 2009
Shanghai - Musée
Il est remarquable que l'art figuratif soit très rare en Chine, pendant que nos peintres représentaient massacre des innocents, crucifixion, et maintes batailles sanglantes, les chinois peignaient des pêchers en fleurs, des rivières paisibles, des montagnes embrumées; et même, formule assez jolie, des poëmes. Ils y mettaient tant de soin qu'un tel était spécialiste des bambous, l'autre des pierres, l'autre de tel espèce d'oiseaux,...
vendredi 1 mai 2009
Shanghai - La Longue Marche
Il y a là de quoi faire pâlir l'Iliade et l'Odyssée réunies: les soldats fuyant sur des ponts précaires sous les balles des nationalistes, affrontant le froid, la faim, la maladie, franchissant des précipices vertigineux, gagnant les paysans et les minorités tribales à leur cause, portant des vieillards sur leurs épaules tel Enée son père Anchise à la chute de Troie, et Mao, partout, exaltant ses troupes, éduquant les jeunes, et planifiant soigneusement laquelle des routes ménera ses compagnons à bon port. C'est ni plus ni moins le mythe fondateur de la Chine communiste. Après la longue marche Mao acquérra une autorité et une aura qui lui assurérent la direction du parti.
Je visitai aussi le lieu, dans l'ancienne concession française, où se tint en 1921 la réunion fondatrice du parti communiste chinois. Les participants, au nombre desquels Mao, durent fuir le bâtiment alors que les forces de l'ordre se rapprochaient dangereusement. On se demande dans ces cas-là que serait l'Histoire s'ils avaient été pris.

Shanghai
Il semble que la plupart des touristes viennent à Shanghai pour acheter des produits de marques contrefaits. Dans la rue de Nanjing, paradis du shopping mall, l'on est assaillé en permanence par des marchands qui veulent vous conduire à leur boutiques accessibles uniquement par des portes dérobées. Non pas qu'ils craignent d'éventuelles représailles: je m'amusai à pratiquer mon chinois en leur affirmant que j'étais au téléphone tour à tour avec la police chinoise et avec notre président Sarkozy et je n'obtins comme seule réaction de les faire rire aux éclats.
jeudi 30 avril 2009
Le monde vu par les Chinois
« - Comment vois-tu l'avenir de la Chine ?
- Pas différent de son passé. Mon pays a toujours été la première puissance du monde. Sauf durant les deux derniers siécles. Dans vingt ans, elle aura recouvré son rang.
- Et vous ne craignez pas la concurrence indienne ?
- L'Inde est trop démocratique. Elle y perd beaucoup trop d'énergie. »
On ne peut réprimer un léger frisson en lisant ces mots. En passant il faut dire que les chinois ont tous de l'Inde une assez mauvaise impression: ils tiennent ce pays comme sale, chaotique, dangereux, et en font un exemple à ne pas suivre. Ils citent tous les scénes de bidonville du récent "Slumdog millionaire" pour se donner raison.
Dans le même genre, je discutai dans le bus de Hangzhou avec une étudiante en ressources humaines, qui fut extrêmement surprise d'apprendre que nous avions des usines en France. Comme elle, de nombreux chinois pensent qu'ils ont réussi à "récupérer" toutes les usines du monde, elle me jura d'ailleurs que bientôt la France n'en aurait plus et que ç'était une question de fierté nationale...Elle me demanda du même coup si c'était vrai que les français buvaient du café toute la journée parce qu'ils n'avaient rien à faire, et là c'est vrai que j'eus un moment d'hésitation.
Hangzhou - Lac Ouest
Je remarque au bord du chemin une pancarte (non-traduite par Google cette fois) : là où nous autres français très abrupts et adeptes des réglements aurions écrit "pelouse interdite", le chinois, souhaitant nous faire partager les fruits d'une sagesse millénaire, écrit "ne dérangez pas l'herbe qui pousse", et je restai là, figé, sous les regards étonnés des passants, à en méditer tous les sens possibles ne sachant plus très bien s'il s'agissait d'un simple problème de voirie ou d'un message à portée plus large extrait d'un traité sur l'éducation transmis de génération en génération.
Wulingyuan - Fragments Surréalistes

Il se trouve que le jour où j'ouvrais mon guide de voyage à la photographie du pont des immortels (dans le même parc), je venais de lire André Breton parler du surréalisme comme d'une "étroite passerelle au-dessus de l'abîme", coïncidence étonnante...
En restant sur ce sujet, il faudrait d'ailleurs aménager dans le panthéon surréaliste une place toute particulière au traducteur en ligne de Google, au même rang que l'écriture automatique ou les cadavres exquis. En effet, les restaurants en Chine l'utilisent tous pour traduire les noms de leur plats en anglais et impriment le résultat tel que donné par le site. On peut donc se régaler avec des plats aussi incongrus que le "porc pressé allongé sur les champignons", ou des "nouilles au chapeau d'oeuf mou", je devrais les collectioner et publier un recueil.
dimanche 26 avril 2009
Huang Shan - La Montagne Jaune
La plupart passent une nuit au sommet, mais je préférai faire les quelques 7 heures et demi de marche le même jour qui me permirent de voir la plus grande partie de la montagne.
Anecdote amusante sur la muséographie chinoise: là où les pancartes (pas les audioguides, plus approfondis) se contentent habituellement de dire "Ceci est un temple. Il est en bois. Il est très grand. Il est beau hein?", le chemin est jonché de plaques vous informant que telle ou telle roche est formée de 43.78% d'orioclase, de 25.06% de plagioclase et du reste de quelconque feldspath-orthoquartz. Je notai une nouvelle fois que je ne comprends rien à la géologie.
Leçon de chinois: prononciation
Une gare en Chine c'est 10, 15, 20 guichets, chacun leur file attitrée avec des temps d'attente tellement longs qu'aux fermetures régulières, programmées et affichées pour pause de 20 minutes les gens préférent rester dans la file plutôt que de changer de guichet. Le choix du guichet est alors le résultat d'un processus d'optimisation dont la complexité perdrait le meilleur expert en théorie des jeux. Situation tendue où les quelques resquilleurs sont aussitôt repoussés par un vigile armé de son mégaphone (en chine le mégaphone ne s'utilise qu'à bout portant, il n'est pas fait pour s'adresser à un groupe lointain mais bien pour crier le plus fort possible dans les oreilles).
Il se trouve qu'un jour lorsqu'après une heure d'attente ce fut à mon tour de m'adresser au guichet, il ne restait plus que 10 minutes avant la prochaine pause, et je sentais comme autant d'aiguilles d'acupuncture dans la nuque les dizaines de paire d'yeux de ceux qui commençaient à réaliser que leur calcul de chances et leur espoir d'obtenir un ticket rapidement risquaient bien d'être ruinés à cause d'un touriste lent à la comprenette. Conscient du poids qui pesait sur mes épaules, je commandai en détachant mes mots un billet pour Xi'an. La sanction fut sans appel: "Xian?" répéta le guichetier, visiblement perdu. "Xian?" répétèrent ses collégues aux guichets avoisinants. Je répétai, plus lentement. "Xian, shenme (quoi?) Xian?" me répondit de nouveau le guichetier, et l'enjeu étant de taille, de ma file et la file attenante s'élevérent bientôt un concert de "Xian, Xian, Xian?", tous voulant m'aider à me tirer, et eux du même coup, de ce mauvais pas. Je pris ma respiration, et touché par une inspiration purement divine, lançait un "Xian" accentué aux deux syllables avec le premier accent (constant en haut) au lieu du vague quatriéme accent (descendant) que j'avais d'abord choisi. Le visage du guichetier s'éclaira subitement, un soupir de soulagement parcourut la salle, "Xian! Xian! Xian! Xian!" retentirent de toute part comme autant d'Halleluïas et la foule en liesse m'aurait porté aux nues si cela n'avait pas été un risque de perdre leur place dans la queue. Le guichetier accrocha un peu sur mon "libai tian (dimanche)" mais fut immédiatement rappelé à l'ordre par les "libai tian!" secs de mes suivants qui trouvaient cette fois-ci la prononciation honorable et prièrent l'agent d'arrêter de chipoter et de me donner mon billet.
Depuis ce jour-là je consulte religieusement les indications de prononciation de mon guide.
Guilin
Yangshuo - A bicyclette
C'est visiblement la saison pour planter le riz, labeur qui paraît ô combien éreintant. Les graines ont d'abord été semées dans des serres et les jeunes pousses doivent maintenant être plantées une par une, à la main, dans les champs inondés. Les pieds dans la boue, les fermiers se baissent plus bas que terre et alignent inlassablement les plants sous la chaleur torride.
Tout ceci amène une perspective différente sur les "mingong", travailleurs migrants chinois dont les conditions de vie très difficiles sont relatées abondamment dans nos médias nationaux. Il faut se dire que s'ils partent travailler en ville, au noir, loin de chez eux, vivent dans des dortoirs infâmes, mangent mal et peu, c'est pour envoyer de l'argent à leur famille car leur existence à la campagne est encore pire. Ils partent pour améliorer leur sort, non parce qu'ils ont été chassés de leurs terres (à ma connaissance). C'est assez différent de la révolution industrielle anglaise où le jeu des proprétaires terriens a exclu les paysans de leur terres pour ne leur laisser comme unique choix que de travailler dans l'industrie et ses fabriques infernales. Il n'empêche que le résultat est le même, une formidable "armée de réserve" à la disposition des employeurs.
Sur la rivière Li
Sur le bateau je rencontre trois anglais qui un beau jour ont décidé de prendre le train: ils ont parcouru l'Europe, sont allés en Russie par le transsibérien, puis en Mongolie par le transmongolien, ont rejoint la Chine, se préparent à leur passage en Inde, Pakistan, Iran, etc...Je me dis que c'est peut-être eux qui ont raison, à méditer.
vendredi 24 avril 2009
Chang Jiang - Barrage des Trois Gorges
Chang Jiang - Les Trois Gorges
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